La
guerre du Vietnam menée par les américains fut source de nombreuses évolutions pour la puissance aérienne.
Découvrons avec Arma 3 certaines de ces évolution.
Développement de la défense aérienne par missilesLe nombre d'appareils américains abattus par des SA-2 ne faiblit pas. Ce système sol-air moyenne portée très haute altitude (SAMP/THA) soviétique est une vraie vérole ! Au total, 1046 appareils furent perdus à cause de ce système, avec une moyenne de six missiles tirés par appareil abattu. Il pullule sur le territoire Nord-Vietnamien, grâce au soutien de l'URSS. Celle-ci livra 95 systèmes SA-2 Guideline (nom donné par l'OTAN au système S-75 Dvina) et 7658 missiles. Un système est composé d'un radar de conduite de tir "Fan Song" et de six rampes uni-missile au maximum, généralement disposées selon un hexagone. Elles sont reliées par un chemin de roulement et au centre se trouve le radar de conduite de tir. Le missile est téléguidé par le radar Fan Song. Ainsi, si le radar est détruit, le site devient non-opérationnel.
Depuis que Gary Powers a été abattu dans son U-2 au dessus de l'URSS, le SA-2 est considéré comme une menace forte par les pilotes de chasse.
Le cauchemar de tout pilote de chasse, un SAFIRE (Surface-air fire, tir de missile sol-air).
Les rens ont préparé la fiche menace du SA-2 à destination des pilotes de chasse.
Les nord-vietnamiens finirent par abandonner la disposition doctrinale soviétique car elle était repérée du ciel très facilement. On le verra par la suite, ils préférèrent des sites cachés dans la montagne.
Encore aujourd'hui (2022), le SA-2 continue de proliférer. On en retrouve en Arménie et en Azerbaïdjan, en Iran, en Libye et même au Yemen où
les Houthis en ont fait un missile sol-sol.
Le renseignement et l'apparition des dronesLa guerre des drones n'a pas commencé dans les années 2000 avec la
Guerre contre le Terrorisme engagée par les États-Unis en 2001.
En fait, elle commença dès la Guerre du Vietnam. Face aux pertes causées par la défense aérienne Nord vietnamienne, et à cause de la météo pendant les moussons, le
Strategic Air Command mit en place le programme Buffalo Hunter. En particulier, en 1968, l'industriel Ryan Aeronautical modifie son appareil Firebee. Initialement, celui-ci servait de cible aérienne pour l'entraînement des pilotes de chasse.
On lui ajouta des appareils photographiques et des systèmes de navigation plus perfectionnés afin qu'il effectue des missions de reconnaissance à très basse altitude (500ft / 150m). Les missions qui lui étaient confiées avaient principalement pour vocation la reconnaissance des camps de prisonniers (priorité stratégique pour les États-Unis !) ainsi que des sites sol-air. On lui doit notamment les renseignements qui permirent de monter l'opération
Ivory Coast en 1970.
La complémentarité du SR-71, des satellites d'observation ainsi que de ces drones Buffalo Hunter permet la conception de dossiers renseignement étayés, ainsi que le montrent ces productions de la division
Imagery Interpretation du Combined Intelligence Center, Vietnam (
CICV), créé par le Military Assistance Command, Vietnam (
MACV).
D'autres versions du Ryan Model 147 permirent de développer des détecteurs d'alerte radar pour les avions, pour que ceux-ci soient avertis lorsqu'ils sont éclairés par un SA-2.
Image verticale du site SA-2 de SANG HA au Laos.
Le site est composé de cinq alvéoles de tir merlonnées orientées chacun dans une direction, car le missile est peu manœuvrant. En effet, celui-ci a pour vocation la neutralisation de cibles aériennes volant haut et lent, comme les bombardiers stratégiques américains. Le missile compense sa mauvaise précision (75 m) par 195 kg d'explosif, pour un missile qui pèse 2,2 tonnes. En comparaison, aujourd'hui le missile européen Aster 30 pèse 450 kg pour 15 kg d'explosif (3,3% de la masse contre 8,9% pour le SA-2) et détonne à l'impact, pour des portées et plafonds équivalents.
Image oblique prise par un Buffalo Hunter du site SA-2 de SANG HA au Laos.
Sur cette image prise par un drone Firebee, on distingue nettement le radar de conduite de tir Fan Song du SA-2. Dans une région montagneuse comme ici, il est vital de placer les radars en hauteur, afin de disposer de la meilleure visibilité possible. Le calcul des intervisibilités d'un radar permet la planification d'un raid de chasse pour arriver au plus proche du site sans être décelé par celui-ci. Pour échapper à un système longue portée, il convient de voler bas, sous
l'horizon radioélectrique, et derrière le relief, là où le radar ne peut pas voir.
La SEAD et les Wild WeaselFace à toutes ces défenses anti-aériennes, il fut décidé de créer des unités dédiées aux mission de neutralisation des défenses aériennes ennemies - aujourd'hui appelées Suppression of Ennemy Air Defenses, SEAD.
Le programme
Wild Weasel fut créé par l'United States Air Force (USAF) dès 1965. La doctrine des avions dédiés à ces missions était simple : appâter les systèmes ennemis afin qu'ils émettent avec leurs radars. Une fois les radars détectés, les Wild Weasel pouvaient procéder à la destruction des sites. Plusieurs possibilités s'offrent alors : le tir d'une bombe non guidée directement sur le radar, nécessitant de s'approcher dangereusement du site, ou bien le tir en stand-off (notion de tir à distance d'une cible, en sécurité par rapport à la menace qu'elle représente) d'une munition ARM (anti-radiation missile).
Sur ces photos souvenirs, on voit un F-4 Phantom II armé en 0/4/4 (aucun missile F3, quatre missiles F1 AIM-7 Sparrow, quatre missiles F2 AIM-9 Sidewinder). On distingue en plus deux AGM-45 Shrike.
Et oui, car le théâtre du Vietnam voit aussi mûrir les tactiques de combat aérien et la modernisation des missiles air-air. On lui doit notamment la création de la
Top Gun Academy et la théorisation de la boucle
OODA par John Boyd.
Le missile
AGM-45 Shrike est de cette espèce. L'œil électromagnétique passif de cet oiseau mis au point en 1963 est spécifiquement calibré pour détecter les fréquences d'émission du Fan Song et des autres radars permettant la mise en œuvre et le tir de SA-2. Une fois la cible repérée, le missile fond sur sa proie et explose au dessus d'elle afin de projeter une gerbe d'éclat et de cribler les antennes, les rendant inopérantes. Bien entendu, les antennes n'étaient pas les seules victimes, et les occupants de la cabine du Fan Song finissaient régulièrement en charpie.
Les dernières version du Shrike permettaient un tir jusqu'à 22 Nm (40km), bien au delà du domaine d'interception du missile V-750.
Préalable à toute opération aéroterrestre, la maîtrise du ciel passe autant par la défense aérienne acquise par les chasseurs éponymes que par les missions de SEAD. L'absence de défense sol-air ennemie nous garantit une liberté d'action 3D certaine !