Le contrôleur de service en charge de la circulation aérienne civile dans la FIR (Flight Information Region) Méditerranée est le premier au courant. Tout d'abord incrédule puis stupéfait à la lecture du code IFF (Identification Friend or Foe = code de balise transpondeur) qui s'affiche sur son écran radar il déclenche immédiatement le plan approprié [classifié] et rend compte à son supérieur.
Les autorités de l'armée de l'Air sont instantanément au courant et la Haute Autorité de Défense Aérienne (HADA) décide de faire décoller la Permanence Opérationnelle (PO). Le Centre de Détection de Lyon Mont Verdun est alors en charge de la conduite de la manœuvre. Situé sur les hauteurs des monts du lyonnais il abrite le Centre National des Opérations Aériennes (CNOA) au cœur d'un ouvrage enterré et durci.
Sur la base aérienne de [classifié] les équipes de la PO se ruent dehors dès que retentit le klaxon strident qui accompagne la lumière rouge indiquant qu'il s'agit d'un HOT SCRAMBLE. L'affaire est donc grave et il faut prendre l'avion armé complet. Le pilote qui révisait peinard sur un banc au soleil en train de cuire dans son anti-G percute immédiatement. Il démarre en trombe devant son pistard qui lisait un journal. En moins de 7 minutes l'alerte doit être "airborne"... Autant dire qu'il s'agit d'un challenge redoutable. Passer de l'état "peinard" à supersonique en si peu de temps peut réserver quelques surprise et il ne faut rien laisser au hasard sous peine d'avoir très rapidement de (très) gros ennuis..
Toute l'année l'AA assure la permanence de la sureté aérienne de nos approches et veille à l'immense espace aérien qui entoure la métropole. Plus de 1500 aviateurs dans les centres de détection, les bases aériennes, etc, sont dédiés à cette mission. Des accords ont été passés avec les autres états européens ce qui permet d'échanger des informations en temps réel avec nos voisins et donc de se prévenir mutuellement en cas d'intrusion inopinée d'une menace.
Il est même possible de poursuivre un aéronef dans l'espace aérien limitrophe. A titre d'info chaque jour plus de 15000 avions de ligne survolent notre pays et près de 150 cas de LIVE SCRAMBLE sont recensés chaque année. Principalement des aéronefs en panne radio, perdus, en détresse… L'été c'est pire avec les touristes du Nord qui font du "tout droit" sans se soucier des zones interdites. => Paf le chien et relevé d'immatriculation avec les gendarmes à l'arrivée voire pour les plus têtus un arrêt plus tôt qu'imaginé…
Pour l'heure notre vaillant pilote fonce en supersonique vers son objectif. Le (superbe) mirage 2000-5F lui permet d'établir avec précision une géométrie d'interception idoine. En déplaçant son curseur sur l'écran SITAC le SNA (Système de Navigation et d'Attaque) lui calcule même le pétrole requis. Mais un rapide calcul permet de s'assurer que l'affaire est correcte. La confiance n'excluant jamais le contrôle. Pour vivre vieux mieux vaut rester prudent dans ce métier. Car la bête a soif et en Basse Altitude un moteur M 53-P2 peut engloutir jusqu'à 300Kg minute ! En HA il est plus économe fort heureusement.
Enfin l'intercepteur est en vue de son objectif et ce dernier s'est mis en descente pour tenter de passer inaperçu. Peine perdue. Il va devoir remonter ses fesses au dessus du plancher de contrôle et au trot. La première position d'observation à distance est rapidement atteinte et le contrôleur militaire autorise immédiatement de passer à l'interrogation visuelle "
sans mettre en péril la sécurité de l'appareil".
Devant la gravité de la situation et au regard du risque encouru la HADA, en liaison avec le cabinet de Matignon, a demandé un renfort des autres PO nationales. C'est tout un dispositif qui se reconfigure dans l'instant pour régénérer le potentiel et rallier la position. D'autres chasseurs arrivent des quatre coins de la France pour appuyer la manœuvre.
Le contact radio est établi avec l'équipage. Toute la série des Mesures Actives de Sureté Aérienne (MASA) est mise en œuvre. Les pirates demandent à se rendre à Charles de Gaulle pour y "négocier" la libération des GAT détenus dans leur pays. La ficelle est un peu grosse et des ordres clairs sont transmis. Il ne doit pas s'approcher de Paris… Ni d'une agglomération majeure.
Les pirates réalisant qu'ils ne pourront pas atteindre leur cible initiale se rabattent alors sur un scénario médiatique et demandent à ce que les chaines d'info de type BFM soient au rendez-vous sur l'aéroport de déroutement. Ce dernier [classifié] est atteint en longue finale sous l'escorte rapprochée d'une patrouille lourde.
L'avion gagne alors sans s'arrêter un point de stationnement et les pirates tentent soudainement un débarquement en force. Ils sont accueillis comme il convient par un déluge de plomb brûlant…
L'ensemble des services de secours mobilisés témoigne de la parfaite prise en compte de ce risque où chaque acteur a un rôle précis à jouer dans la protection de nos concitoyens… Forces du MINARMEES, MININT, services de secours, etc. Tous présents et mobilisés. Au quotidien.