Extrait de journal…
Aujourd’hui, on a morflé. Notre COP se fait engager alors que nous étions en repos. Le personnel en postes riposte violement à l’attaque pour protéger ceux qui sont brutalement sortis de leur sommeil par les échanges de coups de feu très proches. Le temps de pacifier la situation, les hommes, dont je fais partie, qui n’ont pas pu s’armer mettent tous leurs espoirs dans ceux qui les défendent. Il faudra plusieurs minutes pour que la situation soit maîtrisée.
Alors l’officier de quart (John) regroupe les hommes et monte une opération coup de poing sur un village où le renseignement nous a indiqué la présence de personnel ennemi. Je suis CDE 300 avec Ricardo (mini) et Sop (GV1/Famas). Nous partons rapidement vers l’objectif.
En chemin, nous repérons une dizaine de pax en deux groupes à plus de 500m de notre objectif. Le plan est d’attaquer le village en deux groupes. L’approche se fait dans un sérieux précis et le 300 entre au contact des premiers bâtiments alors que les premiers tirs se font entendre. Nous pensions avoir l’initiative et en réalité, nous sommes tombés dans une embuscade !
Après avoir pris appui rapidement, les balles tombent sur nous de partout. Impossible de trouver un appui valable. Et chaque bâtiment sur lequel nous nous appuyons est occupé ! L’embuscade est massive et il est clair que l’ennemi a misé gros sur celle-ci. Nous traitons les plus proches à l’intérieur des bâtiments quasiment au corps à corps. Nous tirons par les fenêtres, lançons des grenades pour vider les abris potentiels que représentent les bâtisses.
Derrière nous, le 600 est également engagé. Même procédure que nous, ils foncent se mettre à l’abri. Après 10 minutes de violent échanges, j’arrive à avoir mon GV1 en sécu en pointe dans un bâtiment et la mini en couverture. Je tente de reprendre contact avec mon supérieur… Pas de réponse. Les gars savent ce que cela veut dire mais personne ne bronche. S’il y a une chance de les sauver, il faut la saisir.
Sop a l’initiative de prendre un sac de secours sur l’ennemi. Je sens que la chance nous a trop abandonnée et qu’elle souhaite se racheter là. Je fais diversion avec Nosbar qui vient de nous rejoindre pour que Sop, à court de cartouches, puisse décrocher. Nous partons alors chercher le 600 dans les bâtiments plus loin. Mais alors que je veux vérifier leur état, une balle me fauche en plein torse. Un tir, précis, juste une immense douleur et l’horrible impression de d’abandonner de force Sop, Ricardo et Nosbar.
Sans compter leurs efforts, ils prennent le relais. Nosbar a les cartouches, Sop de quoi soigner et Ricardo attire le feu sur sa mini. Ils vont alors relever TOUS les personnels l’un après l’autre. Et après de longues minutes d’un travail minutieux et volontaire, mêlé de prises de risque mensurées et d’intelligents placements, nous sommes au complet et pouvons quitter le théâtre d’opération. Mais au moment du départ, de nouveaux ennemis nous tombent en masse dessus. Nous avons déjà traité une vingtaine de cibles et il en arrive autant. Je n’ai plus de chargeur, les hommes sont épuisés, la majorité est blessé, pour certains gravement. Ces derniers évacuent en premier pour libérer la zone.
Mais un nouveau groupe ennemi les engage à quelques mètres. Il n’est plus possible ni de reculer, ni d’avancer et se défendre est devenu un luxe que nos chargeurs vides nous refuse. Les derniers regards sont emprunts de déception plus que de crainte. Nous allons rester là. Une dizaine d’ennemis abattus plus tard, leurs troupes, trop nombreuses, achèvent un travail trop facile, sans honneur. Lorsque je tombe à mon tour, je ne vois plus que Nosbar qui s’éloigne. Un impact et un râle plus tard, je ferme les yeux avec l’image de ce dernier homme debout qui s’effondre à son tour.